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    Vous êtes là, debout face à moi, enveloppé dans vôtre nudité de mâle, votre lance dressée provoquant mon émoi, je reste immobile, allongée, nue devant vous. Vous m'inspectez sans un mot, tout comme moi.
    Nous nous fondons dans le silence de nos estimations mutuelles, retenant le moment de notre rapprochement corporel.

    Je vous regarde, je vous observe...

    Votre intensité du regard, forte, douce et dure à la fois, votre lippe un peu boudeuse à peine retroussée vers votre commissure, la narine légèrement ouverte, frémissante, le sourcil un peu relevé sans réelle interrogation, plutôt l’expression de votre assurance.

    A quoi donc pouvez-vous penser, peut être à rien, peut être à tout, à l’envie que vous me donnez, à ce que vous tirerez de moi, à mon échine courbée qui aimerait tant vous honorer d’un baiser brûlant.

    J'aime à imaginer que vous vouliez me transmettre un message, un fantasme, une envie, un mot... que je devine quelque chose au delà du scellement de votre bouche, celle qui sait tant me contenter, celle qui sait fusionner avec la mienne, celle qui dit des mots qu’aucun autre ne dira jamais, que d’aucun je ne pourrais accepter ni même permettre.

    Je vous détaille, je vous ressens...

    Je descends le long de votre cou, j'aimerai le suivre du bout de ma langue, de la pulpe de mes doigts, ressentir le grain de votre peau, sa douceur un peu rude d’une légère barde naissante. La base de votre gorge est créatrice d'émotions sensorielles, j'aime ce creux sous votre pomme d'Adam, ce petit "v" ouvert qui part vers vos maxillaires serrés.

    J'aimerai y planter mes dents, vampire gourmande d’un soir, pour le plaisir de vous voir vous tendre sous la pression, sentir votre main sur ma nuque pour m'arrêter, m'encourager, mais surtout en aucun cas vous écouter, faire ce dont j'ai seulement envie, besoin... vous gouter, vous dévorer... sentir vos doigts s’enfoncer dans mes cheveux, les prendre en otage, votre poigne me relevant le visage… enfin votre sourire, la récompense de vos lèvres dévorant les miennes et je retourne à mon ouvrage.

    Caresser votre torse, éprouver vos mamelons, faire durcir vos tétons, les pincer doucement, moins doucement, comme vous le faites pour les miens, espérant que votre ressenti sera source de plaisir intense, autant que celui que vous me donnez.

    Vous chevaucher pour ce besoin, vous sentir gonfler, aller et venir en frôlement, en frottements doux et intenses, votre vit dur et fort glissant contre mon con. Oser vous murmurez des mots chauds, des mots crus, vous incitant, provoquant votre réplique, garder le même registre. J'aimerai aiguillonner votre impatience, vous exhorter à ne me laisser aucun répit, me soumettre à vos désirs, accéder à votre jouissance, la mêler à la mienne, mourir un peu dans l'indécence...

    Votre visage, vos épaules, votre buste, vos hanches, vos fesses, vos cuisses... tout m'inspire en vous, m'invite à d'autres rôles, d'autres voyages, d'autres contrées sulfureuses et lointaines... Vous m'êtes source de plaisir au regard, au toucher, au goût, à l'odorat.

    Votre air grave me fait frissonner, me bouleverse, me happe. L’attente est intolérable, la faim dévorante brûle mon ventre d'une lave incandescente, vous êtes là et pourtant vous me manquez tant.

    Je plante mes yeux au fond des vôtres, je vous invoque, vous supplie. C’est un duel des regards, de nous deux qui en premier le baissera ? Jouissance du vainqueur pour la plus grande délectation de la perdante, qui se perdra dans les délices que vous lui offrirez.


    Vous dites d’une voix ferme, ne souffrant aucune réticence « Appelez-moi ! »

    S'il vous plait Bel Amant... Prenez-moi… J’aimerai tant

     


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    J’aime les dimanches ensoleillés, ils donnent des envies d’escapades campagnardes. J’ai choisi l'endroit, à l’ombre d’un château magnifique, modèle pour Versailles, affront pour un Roi.
    C’est un véritable régal des sens. J’aime les anciennes pierres ; j’aime la pierre, blanche, belle, calcaire ou non.

    J’aime la toucher, la caresser ; c’est doux, un peu rugueux, chaud ou froid parfois, dur et tendre à la fois. Je pose mes mains sur elle, comme sur ses reins d'homme offerts, les doigts légèrement écartés, pour mieux la sentir frémir.

    Elle est ligne droite, interrompue d’angles saillants ou non, elle se pare de toiles, tentures et autres ors déposés ça et là, signes ostentatoires de la noblesse. Elle mène aux pièces de vie, de fastes, de fêtes pour finir par celle de repos des corps enlacés ou trop chastes.
    Elle suit l’escalier, s’habille d’une rampe en volutes forgées, elle monte, elle descend, courbant l’échine, s’arrondissant, elle arrive au palier. Elle reprend son souffle, pour étreindre d’autres merveilles.

    Elle se cambre, se cabre, s’ovalise, elle devient alcôve emplie de chuchotements et de soupirs d’amants ; elle se fait voyeuse de vieux nobles forniquant, de soubrettes prises sans consentement, de claques données lestement ; elle témoigne de tous les orgasmes tonitruants ou d'autres bien plus décevants.

    La pierre est une courtisane presque indomptable assujettie à une certaine immobilité par son bâtisseur. Si celui-ci n’entretien pas régulièrement son ouvrage, la pierre s’échappera de son fourreau. Il faut alors qu’il recommence presque de zéro, la contraindre de ses mains à entrer une nouvelle fois dans son rang. La pierre voluptueusement corsetée dans son mortier, reprendra sa place de bonne grâce. Cernée de toute part, elle capitulera avec émotion et se laissera aller pour un moment à sa posture hiératique par plaisir, celui qu’elle donne à son maçon.

    Je deviens "Elle" lorsque je m’habille d’un corset, rose et noir, un peu serré. J’aime à le revêtir.

    J’imagine ses mains prêtes à œuvrer.
    Je maintiens le corset devant, laissant à ses doigts le plaisir de l’étranglement progressif de mes chairs, un peu plus ou un peu moins, à son vouloir. Il sangle patiemment, avec méthode, sans empressement.
    Il attend le gémissement plaintif de la limite qu’il aimerait dépasser ou non, qu'il franchira ou pas.

    Le corps emprisonné en ce maintien altier s’en trouve sublimé, transcendé, ennobli.
    La silhouette devient sablier, la poitrine semble vouloir s’échapper de son écrin, le ventre maintenu et juste caché annonce un pubis épilé, la découpe relevé du dos fait ressortir la croupe blanche qui s’offrira sans fausse pudeur à son regard, à sa main, à son dard, à sa caresse ou à un plaisir plus mordant, mais si troublant.
     

    Je deviens Pompadour... je suis Courtisane.

    Bel Amant aime les belles dentelles d’avant, portées savamment…


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  • L'art du baiserJ’ai eu beaucoup de langues dans ma bouche, enfin pas en même temps, ni le même jour, mais depuis le début de ma vie de pas très sage.
    Combien ? je ne vous le dirais point ! Mais beaucoup, croyez-le sur parole.

    Les hommes donnent des baisers ou les volent avec consentement.
    Des fois, ils y en a qui se passent de la permission, ce n’est pas toujours bien, ça peut me déplaire beaucoup, je peux aussi me montrer très désagréable et mordre la langue de l’intrus, et ça il n’aime pas vraiment.

    J’embrasse qui me plait, c’est comme ça, je n'aime pas me forcer.

    Il est vrai qu’il faut toujours tenter un ou deux baisers avant de savoir s’ils me conduiront à vouloir encore en réclamer d’autres à foison. Il peut y avoir de la timidité au premier, rarement au troisième. Un bon baiser se décèle de suite, un mauvais reste un mauvais, pour toujours.

    J’ai les lèvres douces, j’en prends très soins, avec des crèmes qui sentent bons le miel, les fleurs ou les fruits rouges.
    Elles ne sont jamais gercées, toujours pulpeuses, accueillantes.

    Elles sont bien dessinées, celle du bas est plus épaisse que celle du haut, c’est comme un sofa où la bouche de l’homme, ou celle de la femme, peut s’alanguir généreusement.
    Elles sourient très souvent, c’est comme une invitation, mais avant de s’en approcher il vaut mieux mon approbation.

    Je peux faire plein de choses avec ma langue ; je peux la rendre moelleuse, ferme, pointue, timide, caressante, curieuse, arrogante, craintive, capiteuse, inquisitrice.
    Elle peut jouer tous les rôles pour donner un goût formidable au baiser.
    Elle peut suivre le mouvement, s’enrouler comme un petit serpent autour celle de l’autre ; elle peut à peine s'offrir pour que l’acteur adverse entre dans ma bouche, elle peut inspecter consciencieusement la cavité buccale du donneur, il devient alors receveur. Elle peut redessiner les contours des lèvres mâles ou femelles d’en face, suivant gentiment l’arc de cupidon, pénétrant de temps en temps pour tester le ressenti, l’excitation, l’envie. Elle peut lécher doucement, en se faisant molle et pointue à la fois, elle câline, dorlote, flatte, cajole.

    Et puis il y a les dents, dans un baiser elles servent tout autant. Quand les lèvres se font tellement douces, hop ! elles attrapent et mordillent la lippe voisine, et peux mordre un peu fort, lâcher prise soudainement, un coup de langue pour calmer la surprise, une pénétration pour un baiser profond pour faire taire la contestation, et recommencer autant de fois qu’il faudra… pour que cela donne des idées aux lèvres qui jouent avec moi.

    Ma bouche, mes lèvres, ma langue et mes dents ont été crées pour le baiser, sur une bouche ou bien ailleurs. C’est pour ça que je déteste les mauvais baiseurs et leurs mauvais baisers. C’est gâcher une marchandise rare que je donne avec modération, du moins au départ.

    J’ai connu quelques baiseurs épouvantables, quelque uns détestables, beaucoup de désastreux, encore d’avantage d’ordinaires… et Ô plaisir suprême, des élus divins qui vous baisent de manière prodigieuse, céleste, paradisiaque, enfin bref… somptueusement.

    Je me souviens de tous, je pourrais en citer les noms, vraiment… J’ai la mémoire des langues.

    Il y a des baisers, qui ne vous font rien, ne déclenche rien, pas de frissons, pas d’excitation, rien, ils laissent un goût de vide, d’avoir perdu son temps, ils mettent de la mélancolie dans les yeux.

    Il y en a d’autres terriblement désagréables, ils n’ont pas bon goût, la bouche de l’autre dégageant toutes sortes de relents. C’est à fuir absolument, ce que je fais toujours très brutalement, le cœur au bord des lèvres, la bouche et tout ce qu’il y a autour ne me revoyant plus jamais.

    J’ai connu un baiseur mitrailleur, les lèvres à peine posées se retiraient et se reposaient, comme un battement rapide, c’était agaçant, on entendait qu’un bruit de succion. Le baiser ne peut s’habiller de rapidité, il doit prendre le temps qu’il lui faut pour que sa magie puisse opérer. Puis la langue s’est mise en action, me nettoyant les lèvres et tout autour, je me suis retrouvée toute débarbouillée, dégoulinante de salive du menton à sous le nez. Là aussi c’était écœurant, j’ai fuit presque en courant.

    Il y a eu aussi celui qui pointe sa langue durement et la tourne autour de la mienne mécaniquement, l’outil ne s’arrêtant que par mon « Stop » tonitruant. Et en plus, il faut que je justifie ; il se moque, se vante que je suis bien la première qui se plaint, qu’il est reconnu pour son art ! J'ai alors la dent dure, le mot méchant, froid, sans appel et cruellement je casse le moral de ce si mauvais prétendant.

    Il y en a eu plein de potables, sans qu’ils appellent en moi de quoi les décrire, ils étaient prometteurs et se sont révélés ordinaires, ne donnant qu’un émoi au premier et un ennui de plus en plus profond aux suivants.

    Et puis il y a les baisers qui me transportent aujourd’hui.

    Le premier n’a été qu’un atterrissage léger sur mes lèvres, comme des ailes de papillons, c’était un poli bonjour plein de douceur, sans empressement mais annonciateur de quelque chose de troublant.C'était juste avant de boire mon café.

    Le second a été mis en scène élégamment, sous la coupole du temple de Diane, les lèvres étaient caressantes, la pénétration de la langue dosée à merveille, donnée avec prévenance, sure d’elle. Il y avait si longtemps que ma bouche ne connaissait telle félicité que j’ai demandé très poliment de pouvoir le rendre à mon tour, en toute parité.

    Le troisième et ceux qui ont suivis, orchestrés à l’abri des regards près de la cascade de la grotte ont été accompagnés de mains qui explorent, palpent, s’égarent, repèrent, de regards qui se croisent. Courtisane à su contenir ses émois, maître d’elle à l’extérieur, consumée par une lave en fusion à l’intérieur pour son plus grand bonheur. Et quand Bel Amant a montré son contentement, un léger sourire aux coins des lèvres, m’attrapant aux hanches pour m’amener à lui, j’ai senti près de mon ventre son sexe emprisonné, dur et érigé. Avant même d’y avoir gouté, il m’engloutissait totalement, j’en voulais encore de ses baisers et de tout le reste qui le fait Lui.

    En nous séparant, il a dit «La porte vous est ouverte. Le baiser était effleurant à souhait. J'ai aimé l'ondée. J'aimerai l'orage». C’est à ce moment que la tempête toute entière m’a investie, me chavirant, brouillant mes repères et inondant impitoyablement ma vulve d’une magnifique et jouissive pluie d’été.

    Vous l'aurez Bel Amant, assurément...


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