• L'élégance du pédigrée


    Au commencement, je n’aimais pas trop les mots, ces qualificatifs que vous affectionnez, ces petits noms qu’il vous plait de me donner, ils sont dérangeants, impudiques, contre une certaine forme de mon éducation, réservés à une catégorie dont je ne me reconnais pas vraiment... Enfin, je crois.
    Ils ne sonnent pas bien à mon oreille, j’ai du mal à m’y retrouver. Mais il me faut vous l'avouer, de jour en jour ils me lient à vous, un peu plus fort à chaque fois que vous les susurrez dans mon cou, doucement, mesurant le volume, l’intonation, le grave de votre voix.
    Vous connaissez le pouvoir des mots sur mon intellect, mon corps, mes envies. Vous le mesurez, l’appliquez, vous en jouez, provoquant mon désir, me donnant ce plaisir de vous, activant ma dépendance à ce que vous êtes.

    Après il y a eu l'invitation, elle ne me plaisait pas trop non plus. Je n’ai rien contre, mais c’est comme pour les mots, c’est loin de moi, enfin je crois.
    Vous m'en avez parlé, m’avez conté un pan de votre vie d'avant, vous avez fait naître des questions que je vous ai posées, sans détours, avec simplicité empreinte de ma naïveté.
    Les réponses m’ont transportée dans un monde inconnu dont j’ai voulu connaître le sens, les lois, les codes, le langage. J’ai cherché par moi-même, fouillant maladroitement ce puits de science virtuel de l'internet, trouvant tout et son contraire, caressant mes envies de ventre par des interdits licencieux mais aussi provoquant ma peur, forte et irrationnelle face à une violence dont je fus le témoin télévisuel.

    Vous m’en avez parlé sans autorité, avec patience, rassurance, mais aussi avec fermeté, comme quelque chose qui arriverait un jour, celui que vous auriez senti, choisi et qu'il ne pourrait être autrement que de le partager ensemble. Régulièrement au fil de nos conversations pimentées de ce que vous classifiez avec indulgence comme des provocations défensives, vous avez évoqué ce que vous projetiez, ce que vous voudriez, ce que vous demanderiez un jour de moi, sans me donner de détails, relatant à titre d'illustration ces instants de notre intimité passée où si vous aviez pu prévoir, vous auriez apprécié pousser des limites que vous ne pressentiez pas près de l'éclosion. Vous semblez regretter de n'avoir pas essayé.

    Ce doit être ainsi que vos crocs cérébraux se sont ancrés profondément en mon esprit, insidieusement, sans douleur au contraire mais avec tant de ténacité, riant de mon inconscient perdu dans vos méandres, qu’une nuit la synthèse de vos précises sollicitations a pris vie dans mes songes, provoquant un émoi incontrôlable, un trouble si grand que mon corps frissonne encore, de ce que vous avez fait émerger de moi, de ce plaisir que vous avez initié, de cette jouissance irraisonnée à la simple évocation de vos actes.

    Je me rêve assise à vos pieds, la tête reposant sur vos genoux, votre main jouant avec mes cheveux, frôlant ma nuque par instant. Une atmosphère de fin d’après midi d'hiver. Qu’il serait bon d’être près de vous dans le calme feutré d’un salon chaleureux, mon corps chauffé par le feu crépitant d’une cheminée. Clore les yeux d’aise quand vos mains attachent délicatement votre cadeau, ce délicieux bijou à mon cou en prenant soin de ne pas tirer une mèche perdue près de la boucle. Vous sourire, voir vos yeux heureux par le plaisir que vous me faites. En remerciement, vous buvez mes lèvres de vos baisers brûlants, ma respiration s’accélère sous le besoin de tout vous offrir. Je perçois vos doigts remonter le long de mon épaule. Vous cherchez la boucle du fermoir, j’entends le cliquetis métallique du mousqueton de la laisse que vous attachez à ce collier désormais mien. Vous vous levez. C’est l’instant que vous avez choisi pour retrouver l’intimité de votre chambre, le moelleux du lit barreaudé que vous chérissez tant pour sa praticité d'usage.

    Je vous accompagne, fière de mon appartenance, m’interdisant l’ordinaire pour vous offrir l’élégance d'un pédigrée, la noblesse d’un animal racé, l'oeil brillant, le menton levé, le rein cambré enserré dans un serre-taille noir tranchant sur ma peau blanche, calculant autant le léger roulement d’épaules d’une démarche décidée que le balancement chaloupé des hanches, le cuir des escarpins à hauts et fins talons caressant à peine le tapis de laine.

    Vous me regardez, me jaugez, appréciez votre ébauche ; vos yeux suivent par moment l'oscillation de mes seins, je vous sens monter en puissance, vous affichez ce léger sourire d'assurance qui me plait tant pour l'allégeance qu'il m'invoque, savourant à l’avance ce qui va se passer, après, une fois la porte fermée.

    Je marche à vos côtés, régulièrement, sans précipitation, je rejoins en toute indépendance, en toute intelligence votre chenil transgressif.

    Je n’ai de cesse d’essayer de maîtriser la montée de cette envie dérangeante, de ce vous autrement, cette inclination à vouloir constamment ressentir la fermeté de vos appétits, de votre masculinité poignante, de vous choisir "Vous" pour cette éducation envoûtante pour l'amour et le plaisir d'un vous différent.

    Je ne sais si cela est bien ou mal... je m'interroge, je me cherche, je pense me perdre.
    J'aimerai m'abandonner posément, me laisser guider et pouvoir vous savourer en Maître de ces lieux.
    Enfin, je crois...

    « L'apologie du prédateur consentiLa lévrière afghane »

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  • Commentaires

    1
    Le Marquis
    Mercredi 21 Décembre 2011 à 16:05

    Mon ange, mon ange, te voici de retour... en bel animal

    2
    Genkin's Goth
    Mardi 3 Janvier 2012 à 08:41

    haaaa ma courtisane, mon ange... tu as revu ton texte, oui je sais j'étais prévenu, tu n'étais pas contente de toi. Tu avais raison, la nouvelle version est encore meilleure. Kiss

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