• L'art du baiser


    L'art du baiserJ’ai eu beaucoup de langues dans ma bouche, enfin pas en même temps, ni le même jour, mais depuis le début de ma vie de pas très sage.
    Combien ? je ne vous le dirais point ! Mais beaucoup, croyez-le sur parole.

    Les hommes donnent des baisers ou les volent avec consentement.
    Des fois, ils y en a qui se passent de la permission, ce n’est pas toujours bien, ça peut me déplaire beaucoup, je peux aussi me montrer très désagréable et mordre la langue de l’intrus, et ça il n’aime pas vraiment.

    J’embrasse qui me plait, c’est comme ça, je n'aime pas me forcer.

    Il est vrai qu’il faut toujours tenter un ou deux baisers avant de savoir s’ils me conduiront à vouloir encore en réclamer d’autres à foison. Il peut y avoir de la timidité au premier, rarement au troisième. Un bon baiser se décèle de suite, un mauvais reste un mauvais, pour toujours.

    J’ai les lèvres douces, j’en prends très soins, avec des crèmes qui sentent bons le miel, les fleurs ou les fruits rouges.
    Elles ne sont jamais gercées, toujours pulpeuses, accueillantes.

    Elles sont bien dessinées, celle du bas est plus épaisse que celle du haut, c’est comme un sofa où la bouche de l’homme, ou celle de la femme, peut s’alanguir généreusement.
    Elles sourient très souvent, c’est comme une invitation, mais avant de s’en approcher il vaut mieux mon approbation.

    Je peux faire plein de choses avec ma langue ; je peux la rendre moelleuse, ferme, pointue, timide, caressante, curieuse, arrogante, craintive, capiteuse, inquisitrice.
    Elle peut jouer tous les rôles pour donner un goût formidable au baiser.
    Elle peut suivre le mouvement, s’enrouler comme un petit serpent autour celle de l’autre ; elle peut à peine s'offrir pour que l’acteur adverse entre dans ma bouche, elle peut inspecter consciencieusement la cavité buccale du donneur, il devient alors receveur. Elle peut redessiner les contours des lèvres mâles ou femelles d’en face, suivant gentiment l’arc de cupidon, pénétrant de temps en temps pour tester le ressenti, l’excitation, l’envie. Elle peut lécher doucement, en se faisant molle et pointue à la fois, elle câline, dorlote, flatte, cajole.

    Et puis il y a les dents, dans un baiser elles servent tout autant. Quand les lèvres se font tellement douces, hop ! elles attrapent et mordillent la lippe voisine, et peux mordre un peu fort, lâcher prise soudainement, un coup de langue pour calmer la surprise, une pénétration pour un baiser profond pour faire taire la contestation, et recommencer autant de fois qu’il faudra… pour que cela donne des idées aux lèvres qui jouent avec moi.

    Ma bouche, mes lèvres, ma langue et mes dents ont été crées pour le baiser, sur une bouche ou bien ailleurs. C’est pour ça que je déteste les mauvais baiseurs et leurs mauvais baisers. C’est gâcher une marchandise rare que je donne avec modération, du moins au départ.

    J’ai connu quelques baiseurs épouvantables, quelque uns détestables, beaucoup de désastreux, encore d’avantage d’ordinaires… et Ô plaisir suprême, des élus divins qui vous baisent de manière prodigieuse, céleste, paradisiaque, enfin bref… somptueusement.

    Je me souviens de tous, je pourrais en citer les noms, vraiment… J’ai la mémoire des langues.

    Il y a des baisers, qui ne vous font rien, ne déclenche rien, pas de frissons, pas d’excitation, rien, ils laissent un goût de vide, d’avoir perdu son temps, ils mettent de la mélancolie dans les yeux.

    Il y en a d’autres terriblement désagréables, ils n’ont pas bon goût, la bouche de l’autre dégageant toutes sortes de relents. C’est à fuir absolument, ce que je fais toujours très brutalement, le cœur au bord des lèvres, la bouche et tout ce qu’il y a autour ne me revoyant plus jamais.

    J’ai connu un baiseur mitrailleur, les lèvres à peine posées se retiraient et se reposaient, comme un battement rapide, c’était agaçant, on entendait qu’un bruit de succion. Le baiser ne peut s’habiller de rapidité, il doit prendre le temps qu’il lui faut pour que sa magie puisse opérer. Puis la langue s’est mise en action, me nettoyant les lèvres et tout autour, je me suis retrouvée toute débarbouillée, dégoulinante de salive du menton à sous le nez. Là aussi c’était écœurant, j’ai fuit presque en courant.

    Il y a eu aussi celui qui pointe sa langue durement et la tourne autour de la mienne mécaniquement, l’outil ne s’arrêtant que par mon « Stop » tonitruant. Et en plus, il faut que je justifie ; il se moque, se vante que je suis bien la première qui se plaint, qu’il est reconnu pour son art ! J'ai alors la dent dure, le mot méchant, froid, sans appel et cruellement je casse le moral de ce si mauvais prétendant.

    Il y en a eu plein de potables, sans qu’ils appellent en moi de quoi les décrire, ils étaient prometteurs et se sont révélés ordinaires, ne donnant qu’un émoi au premier et un ennui de plus en plus profond aux suivants.

    Et puis il y a les baisers qui me transportent aujourd’hui.

    Le premier n’a été qu’un atterrissage léger sur mes lèvres, comme des ailes de papillons, c’était un poli bonjour plein de douceur, sans empressement mais annonciateur de quelque chose de troublant.C'était juste avant de boire mon café.

    Le second a été mis en scène élégamment, sous la coupole du temple de Diane, les lèvres étaient caressantes, la pénétration de la langue dosée à merveille, donnée avec prévenance, sure d’elle. Il y avait si longtemps que ma bouche ne connaissait telle félicité que j’ai demandé très poliment de pouvoir le rendre à mon tour, en toute parité.

    Le troisième et ceux qui ont suivis, orchestrés à l’abri des regards près de la cascade de la grotte ont été accompagnés de mains qui explorent, palpent, s’égarent, repèrent, de regards qui se croisent. Courtisane à su contenir ses émois, maître d’elle à l’extérieur, consumée par une lave en fusion à l’intérieur pour son plus grand bonheur. Et quand Bel Amant a montré son contentement, un léger sourire aux coins des lèvres, m’attrapant aux hanches pour m’amener à lui, j’ai senti près de mon ventre son sexe emprisonné, dur et érigé. Avant même d’y avoir gouté, il m’engloutissait totalement, j’en voulais encore de ses baisers et de tout le reste qui le fait Lui.

    En nous séparant, il a dit «La porte vous est ouverte. Le baiser était effleurant à souhait. J'ai aimé l'ondée. J'aimerai l'orage». C’est à ce moment que la tempête toute entière m’a investie, me chavirant, brouillant mes repères et inondant impitoyablement ma vulve d’une magnifique et jouissive pluie d’été.

    Vous l'aurez Bel Amant, assurément...

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  • Commentaires

    1
    alain70
    Dimanche 2 Octobre 2011 à 00:52

    Eblouissante description de la magnificience du baisé. Tu as su trouver les mots justes, bravo et merci

    2
    Dimanche 2 Octobre 2011 à 11:42

    Ah... le baiser !

    On le croit anodin, ou badin. Il en est qu'on oublie (vite !) et d'autres qui mordent jusqu'au fon du coeur !

    Bravo pour cet hymne au baiser.

    3
    Lundi 3 Octobre 2011 à 18:33

    Mais, pas de soucis, qu'est ce que je te sers?

    4
    Bel Amant
    Mardi 4 Octobre 2011 à 13:52

    Magnifique hommage au baiser, et somptueux hommage à mon narcisse...

    5
    Mr Nours
    Dimanche 9 Octobre 2011 à 14:22

    je tenais a te dire que tu fais du très bon travail j'aime bien tes poèmes alors évidement je viens de les découvrir mais cela ne m'empèche pas de dire que c'est très beau continus comme ça ^^

    6
    Genkin's Goth
    Lundi 10 Octobre 2011 à 13:16

    bel amant écrit, il existe, la chance pour lui. si jamais tu veux changer, suis là ma belle. C'est trop beau, comme il dit magnifique hommage au baiser et à lui aussi le veinar

    7
    Ömar Demiral
    Dimanche 16 Octobre 2011 à 18:13

    from turkish - s'est bau, ça done envi de prendre la lecon avec toi pour aprendre - merci belle ange

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    8
    Le Marquis
    Mercredi 14 Décembre 2011 à 07:44

    A lire, relire... inlassablement... reviens vite petit ange me ravir de tes nouvelles. Kiss

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