• Il y a toujours une première fois pour une fille...

     

    Je pars du principe que tout ce qui me plait, tout ce qui est bon pour moi, peut être à moi si j’en ai envie. C’est un état d’esprit, une forme naturelle de réflexion. Je n’aime pas trop que l’on décide à ma place, je suis suffisamment intelligente et grande pour savoir ce qui me va ou pas.

    Et ça, certains l’ont appris avec pertes et fracas… mais surtout beaucoup de pertes !

    Il y a toujours une première fois pour une fille, le premier soutient gorge, le premier baiser, les premières menstrues et LA première fois, celle qui vous fait passer d’un état à un autre, de fille à femme.

    Il y a des premières fois abjectes pour toutes ces filles à qui on ne demande pas, qu’elles soient livrées par le joug paternel, la tradition familiale, qu’elles soient la proie de bipèdes déclassifiés à jamais de la race humaine. A celles là, je leur ouvre des bras tendres et maternels, pour sauver leur corps de la haine, laver leur esprit pour qu’elles oublient. Pour toutes ces filles, je veux devenir l’ange de vengeance au bras armé et rendre le mal au mâle, méthodiquement, sans colère, avec application, non pas pour qu’ils expient, mais simplement qu’ils souffrent.
    Il n’y a de pardon dans ce cas, juste une addition à payer, le prix.

    La première fois, en général, ça commence par un grand charivari de regards gênés, de mains malhabiles, de mots qui contiennent le verbe aimer que l’on conjugue sur un air d’éternel. C’est beau, c’est tendre, c’est toujours raté, mais pour les amants nouveaux cela donne une idée qu’il faudrait peut être remettre ça, pour comprendre pourquoi ce n’est pas comme dans les livres, les articles sur sexualité des adolescents ou pire comme dans les films classés vers la fin d’alphabet.

    Si vous n’avez pas de chance vous pouvez passer d’état de fille à mère de famille, ça c’est un très mauvais début d’après première fois, qui plait rarement à la fille, au garçon et encore moins aux parents des corps de premiers émois.

    Il y a des passages d’états qui s’accompagnent de souvenirs qui grattent, qui piquent, qui brûlent, se révélant très dérangeant. Et malheureusement, ces souvenirs répondant aux doux noms de MST peuvent concerner toutes les formes de premières fois, agréables ou non.

    Comme toutes, j’ai eu aussi ma première fois. J’ai été vendue. Enfin pas vraiment moi, mais cette fleur d’une fois que l’on appelle virginité. Il y a des hommes, en général vieux et certainement très vicieux, qui paient cher pour ça. C’est mon petit ami qui avait cru intelligent de monnayer ma petite membrane interne, sans même m’en parler. Le beau garçon que voilà.
    Il est vrai que si j’avais été au courant, je ne l’aurai pas bien pris, vraiment pas bien pris du tout.

    Il a dit qu'il m'emmenait à une superbe soirée chez des amis à lui, en campagne, je suis montée dans son alpha et nous sommes partis tous les deux, un peu en amoureux ou comme si. C'était dans une belle propriété avec piscine, jardin arboré, terrasse et barbecue, des hauts parleurs un peu partout qui diffusent les sons du moments, des éclairages cachés dans les massifs de fleurs, des coussins sur des nappes disposées à terre, des femmes et des hommes jeunes ou non, une ambiance d’été, de l’alcool de toutes les couleurs, des trucs qui se fument cigarettes ou pas.

    Je suis arrivée dans cette ambiance le sourcil relevé par une légère surprise. Un petit sens interne définissait la soirée comme loin des clichés de diners grillades traditionnels et si je n’éprouvais ni gêne, ni peur, je ne me sentais pas totalement à ma place non plus. Je me suis retournée, mon petit ami avait disparu, les gens me regardaient, me souriant gentiment. C’est à ce moment que j’ai remarqué que l’homme qui était derrière la gentille dame qui me disait bonsoir, avait la main dans sa culotte et la secouait de drôle de manière.

    Je venais de faire mon entrée tout à fait par hasard dans ma première partouze, et je n’avais que quinze ans à peine.

    A cette époque je n’étais qu’un ange, plutôt évolué, pas vraiment naïve, possédant le manuel mais sans les travaux pratiques. Il y a des formations que l’on commence dans les livres et les discussions, les découvertes par soi même, sans l’aide de personne le soir enfouie sous une couette, tout en imagination et en perpétuelles investigations.
    Tout transpirait l’ange chez moi, de la blondeur des longs cheveux aux yeux clairs aux teintes de verts et de bronze, de la peau blanche aux lèvres roses souriantes, un grand front, des traits réguliers. J’ai même posé pour des peintres en parfait modèle de nonne, vierge ou sainte. Je transpirais l’ange par tous les pores de ma peau.

    Les hommes, du plus loin que je me souvienne, on souvent confondu mon air d'ange et être un ange. Je n’en suis pas un, enfin je peux faire l’ange, mais pas en tout, et c’est heureux, parce que être un ange, voyez-vous, c'est réellement prodigieusement chiant.

    Il ne faisait pas encore nuit, que le jardin était jonché de corps nus, glabres ou poilus, qui se passaient dessus avec frénésie en faisant des bruits incongrus d’air qui s’échappe, de chuintements de peau, de grands « han », de grands « ho », de grands « haaaaa ».

    J’ai circulé un temps entre leurs rangs, regardant ça et là… Près de la piscine, il y avait un grand tas de corps remuant, grondant, suintant, de femmes à quatre pattes et d’hommes les secouant à coups de bélier par leurs reins, de bouchent qui mouillent à coup de langues des sexes qui se lèchent ou se sucent sans savoir à qui elles appartiennent.

    Le champagne était bon, vraiment. J’ai eu très tôt le goût des bonnes choses comme le vin et les mets.
    Je m’ennuyais et tout ce déballage d’orgasmes simulés ou non me faisait bailler et me donnait l’idée de rentrer me coucher. Après une halte sur un transat, je suis partie à la découverte de la maison. Le maître des lieux était là, assis négligemment dans son immense canapé blanc, il a sourit et m’a proposé un autre verre de champagne, m’invitant à m’assoir et à parler. Il avait d’élégantes manières, il parlait bien avec un léger accent des pays du nord, la cinquantaine épaissie, cultivée, mais aussi un je ne sais quoi de trop sur de lui qui ne me le rendait pas totalement sympathique.

    Nous avons parlé d’art, de littérature et aussi de musique, sa passion, d’ailleurs il avait un studio son en dessous digne de grands professionnels. Si je voulais le visiter ? Pourquoi pas, oui avec plaisir.

    Très vite, l’homme cultivé fit place à un vieux libidineux, le visage rouge d’excitation, une main m’agrippant la taille, l’autre s’accrochant à un sein et le malmenant sauvagement, sa langue cherche à pénétrer ma bouche, m’égrenant par instant des mots crus, sales et déplaisants…
    Je me débats, gigote, me tortille dans tous les sens. Je dis, je crie « non, non, non ».
    Mais l’homme n’entend pas les non, il n’en veut pas, il continue ses fouilles, pinçant à pleine main mon entrecuisses, cherchant à dévêtir l’objet de sa convoitise, hurle qu’il a payé cher pour ça, que je lui dois, que c’est à lui.
    Il lâche sa proie, la gifle part, ma joue la reçoit dans un coup de tonnerre, je fais des pas en arrière, je baisse la tête, j’ai un goût de sang sur les lèvres, mon regard d’ange s’éteint.

    Pour la première fois de ma vie, la haine est montée en moi et la violence dure, forte, pure m’a étreinte comme un amant passionné.

    Personne ne peut, personne ne doit, personne n’a le droit…
    Je relève la tête, j’ai le regard brûlant, le sourire perfide, il s’approche en vainqueur… encore un pas…
    Mon genou part, j’y mets toute ma peur, toute ma colère, toute ma hargne, tout mon dégoût et toute ma honte aussi.

    Sa bouche n’émet aucun son, il tombe en génuflexion les yeux exorbités, tout son être n’est que douleur, il en tremble, il est blême à la limite de l’évanouissement. J’en jouis de plaisir.

    Avant de quitter les lieux, j’ai méthodiquement cassé, démoli, fracassé toute sa panoplie de Dj, anéantissant les platines, ruinant les consoles, brisant les vinyles provoquant l’arrêt de l’ambiance sonore extérieure. L’homme essayait de se relever par moment, pour regagner sa belle prestance d'antant, il me traitait de tous les noms d’oiseaux connus ou inconnus de la terre, et a fini par un « pitié fous le camp, je t’en prie ». Je n’ai pas écouté de suite, j’avais encore un peu de travail de démolition, quelques miroirs, chaises et cendriers avaient échappés à mes précédentes attaques.

    J’ai quitté cet endroit, je suis partie à pieds dans la campagne, la lune était pleine et belle, elle diffusait une lumière magique, je me sentais bien…

    A une intersection il y a eu un bruit de moteur. Un ami rentrant d’une soirée plus sage que la mienne. En me ramenant, j’ai un peu comté mon histoire, il a rit de la fin y trouvant une belle moralité. En me laissant à la porte, il m’a pris le menton, à déposer un léger baiser à un coin de mes lèvres.

    Il a dit « tu es un drôle d’ange, douce et belle, mais tu piques les yeux et tu es âcre à la gorge comme de l’ammoniac quand tu veux, tu es un ange ammoniaqué ». Il a rit et il est parti.

    Cette nuit là, je n’ai pas eu ma première fois, pas de passage de la fille à la femme. Il y a toujours un sauveur.
    Cette nuit là je suis née, j’ai gagné mon nom de baptême.

    Je suis AngeAmoniake
    Je suis née un peu avant mes quinze ans, par une belle nuit d'été sous la lune pleine et éternelle...

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  • Commentaires

    1
    Blade's
    Dimanche 9 Octobre 2011 à 22:35

    bravo, j'aime comment tu écris et si c'est une bio... et bien tant pis pour le vieux/ donnes son adr je vais lui dire ce que je pense aussi

    2
    Genkin's Goth
    Lundi 10 Octobre 2011 à 13:07

    dur dur l'histoire, mais un fin morale même si violente... faudrait que toutes les nanas fasse comme toi face aux salauds. Ecrit nous encore, cool je fais tourner l'adr

    3
    djamila sans toi
    Lundi 10 Octobre 2011 à 13:31

    merci d'avoir parler un peu de moi de nous

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